Elle en rêvait, mais Susan ne l’a pas fait. Malgré sa voix envoutante, la diva replète a été lâchée par le public en finale de l’émission de télécrochet la plus regardée en Grande-Bretagne. La victoire est revenue à la troupe de danse urbaine Diversity, qui empoche le prix de 100 000 livres (115 000 euros) et gagne le droit de se produire devant la Queen Elisabeth II au Royal Variety Show.
La petite fiancée du Royaume-Uni n’a pu masqué sa déconvenue. Après l’annonce du verdict, Susan Boyle a pourtant tenté de faire bonne figure (toutes proportions gardées), en déclarant: «les meilleurs l’ont emporté». Elle a ensuite adressé ses meilleurs voeux à la jeunesse hip-hop. La rondelette à l’allure vieillotte a salué le public de sa petite révérence avant d’effectuer son célèbre mouvement de hanche.
«C’est la soirée la plus importante de ma vie (…) C’est une ambition que j’ai nourrie tout au long de ma vie», s’enthousiasmait-elle avant d’entonner la chanson I Dreamed a Dream. Un choix peu osé mais raisonné puis que c’est ce titre extrait de la comédie musicale Les Misérables qui l’a révélée au grand public en avril.Quand un présentateur lui a demandé si elle ne regrettait pas d’avoir quitté son village pour tenter sa chance dans le monde du spectacle, elle a assuré que cela en «valait vraiment la peine». Avant de poursuivre, avec un sourire malicieux : «Je me sens vraiment comme à la maison sur scène, on est entre amis, n’est-ce pas ?». Le jury de l’émission, lui, semblait acquis. L’animateur Piers Morgan a assuré qu’il s’agissait «de la meilleure performance qu’il ait vue». La blonde Amanda Holden a enchaîné: «Je n’ai jamais entendu autant de puissance et de confiance.» Et le méchant Simon Cowell d’ajouter: «Tu as eu le courage de revenir ici ce soir pour affronter tes détracteurs et leur prouver qu’ils avaient tort.»
Alors que s’est-il passé pour que cette quadra au physique ingrat échoue si près du but?
La vedette à la voix angélique mais au look pathétique n’a pas supporté la pression. Depuis une semaine, les journaux britanniques s’inquiétaient pour la santé mentale de Susan Boyle. Selon un tabloïd, la production avait dû dépêcher une équipe médicale pour l’entourer. Le staff avait expliqué qu’elle se sentait comme «un lapin aveuglé par les phares d’une voiture». Victime de sa gloire instantanée, elle avait menacé plusieurs fois de quitter la compétition, pleuré de façon hystérique, insulté ses fans et proféré un «fuck off» de colère, lors de prestation bluffante d’un de ses concurrents, le jeune Shaheen Jafargholi, un gamin de 12 ans!
Si sa première prestation a été vue près de 220 millions de fois sur lnternet, que sa mémorable et chevrotante interprétation de Memory a fait un carton, la mamie précoce n’a pas su prolonger la magie. En troquant son style suranné contre la parfaite panoplie de la star formatée, elle a cessé d’incarner le rêve et l’espoir. Pour son ultime passage, Susan avait désépaissi ses sourcils broussailleux, teinté sa chevelure poivre et sel de reflets auburn, et discipliné ses frisottis par une permanente ondulée. La Boyle avait aussi relégué au placard ses robes en viscose taillée dans ses rideaux, ses bas de contention et ses claquettes vernis. Mais voilà, dans sa robe de soirée lamée argent, Susan n’était plus la «Vilaine petite cane». Avec sa gestuelle saccadée, ses tics d’interprète du samedi soir, elle est devenue une chanteuse automate.
Le charme n’a pas opéré et les tomates n’ont pas tardé.
Il y a deux mois encore, Susan Boyle était une chômeuse dépitée de 47 ans vivant seule avec son chat Peebles dans la petite ville de Blackburn… Cadette d’une famille de neuf enfants, Susan Boyle a grandi dans un secteur sinistré par le chômage et la criminalité. Surnommée «Susie Simple» (l’idiote du village), la petite fille a subi les moqueries et les outrages. Adulte, elle a noyé son ennui dans la limonade des bars karaoké qu’elle fréquentait assidûment. Vierge effarouchée, sans famille, sans amis, son entrée fracassante et inespérée dans le showbiz a vite fait de jeter aux oubliettes sa mise désuète et son faciès disharmonieux. A peine le temps de prononcer quelques notes et voici que la planète était aux pieds de l’antistarlette.
Le mois dernier, elle avait raconté que la mort de sa mère l’avait incitée à se présenter au show TV qui l’a révélée. «Je voulais lui montrer que je pouvais faire quelque chose de ma vie», avait-elle dit. Notre Cendrillon n’aura pas connu la consécration télévisuelle. Mais telle la Belle au Bois Dormant, Susan Boyle a pris son temps avant de devenir la coqueluche du Web, un prince charmant qui lui fait traverser les frontières vitesse grand V et apporter une vraie liberté.
Extrait de gala.fr, par Justine Boivin
Tags : Buzz, Émission, royaume-uni, susan boyle
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